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Les aventures est-méditerranéennes
de la rose gallique

publié initialement dans Roses anciennes en France puis mis en ligne en 2002 sur botarosa ; remis à jour le 20 décembre 2004 avec de nombreuses infos nouvelles et des illustrations.

English summary

Introduction
1. Rosa arvensis Huds. (le rosier des champs)
2. Rosa sempervirens L. (le rosier toujours vert)
3. Rosa phoenicia Boiss. (le rosier de Phénicie)
4. Rosa arvensis var. trojana Boulenger
5. Rosa arvensis var. taurica Boulenger
Quelques hybrides certains ou présumés entre R. gallica et le groupe de R. phoenicia
6. Rosa x richardii Rehder (syn. R. sancta Richard)
7. Rosa gallica var. aegyptiaca Schwf. (‘Ward Belledi' ou ‘rose du pays', des Egyptiens)
8. Rosa sp.? (probablement R. gallica x phoenicia, Kurdistan, herbier Crépin)
Pour conclure


Introduction

C'est de l'est du bassin méditerranéen que nous proviennent les plus anciennes traces écrites retrouvées de la connaissance et de la culture des roses en Occident. D'autre part, dans la littérature actuelle, tant horticole que botanique, on apprend souvent que ces régions sont très riches en espèces de roses sauvages. Souvent cependant, dans ces régions comme ici, on s'extasie devant l'infinie diversité des formes de la section Caninae (et de ses sous-sections Rubiginosae, Tomentosae, ...), et on passe à côté d'une chose qui a joué un rôle bien plus important dans la naissance des races de roses cultivées : je veux parler non pas de la rose gallique ou rose de France, que chaque amateur connaît bien, mais de ses relations particulièrement privilégiées avec les espèces de la section des Synstylae (en raison d'une compatibilité génétique due à leur proximité phylogénétique). Les roses de Damas ne sont que l'un des résultats les plus spectaculaires de ces affinités, mais elles sortent de cette étude en raison d'une origine plutôt persane, leur parenté ayant récemment fait l'objet des recherches génétiques d'Hikaru Iwata et autres chercheurs. Cependant, la génétique également commence à démontrer la présence de gènes de différentes Synstylae proche-orientales dans des variétés horticoles considérées auparavant comme de pures roses galliques (R. gallica var. officinalis aurait par exemple dans ses ancêtres R. phoenicia, ce qui la rapprocherait de R. x richardii, syn. R. sancta ! ...Rien d'étonnant, ni du point de vue de la morphologie, ni de celui de la légère tendance à la remontance).
Mais passons donc en revue les espèces de la section des Synstylae présentes à l'état indigène dans l'est méditerranéen.


1. Rosa arvensis Huds. (le rosier des champs)

R. arvensis Huds. est bien connu à la lisière des bois en Europe. Il est le membre de la section des Synstylae à remonter le plus au nord, jusqu'en Écosse.
En culture, on connaît un peu ses descendantes, les "Ayrshire" roses.
On connaît par contre beaucoup moins les nombreux hybrides R. arvensis x gallica (pourtant bien identifiés par les botanistes dans presque tous les herbiers), et en particulier R. x polliniana (voir aussi plus loin à R. x richardii), très fréquent à partir du nord de l'Italie où ses formes blanches sont souvent prises pour des roses galliques blanches. D'autres hybrides arvensis x gallica ont également reçu des noms botaniques : R. x muscipula Boullu, R. sublaevis Boullu, etc.
L'aire de R. arvensis chevauche celle de la rose de Phénicie R. phoenicia Boiss. dans l'ouest et le sud-ouest de la Turquie ("Scrubs on slopes and banks, 900-1200 m", d'après Ö. Nilsson dans Flora of Turkey). Crépin et Boulenger considéraient qu'il existait une sorte de "dégradé" de formes entre les deux espèces dans ces régions.


2. Rosa sempervirens L. (le rosier toujours vert)

Fréquent dans tout le sud de la France, il se retrouve tout autour de la Méditerranée, sauf dans les régions les plus chaudes (Liban, Israël, Egypte, Lybie, Tunisie). Il s'hybride aussi facilement que R. arvensis avec R. gallica ; de très nombreux exemples en témoignent dans l'herbier Crépin. Mais il s'hybride aussi avec R. arvensis (le R. pervirens fréquent dans le sud-ouest de la France serait l'un de ces hybrides). Comme le résultat est fertile, les hybrides R. arvensis x R. sempervirens x R. gallica sont potentiellement possibles, ce qui ne simplifie pas les choses !
R. sempervirens présente de nombreuses variantes locales méconnues formant parfois des populations homogènes; en plus des formes naines rencontrées en particulier sur les îles méditerranéennes (*), on peut rencontrer des variétés à très grand feuillage (Espagne, Maghreb, ...), d'autres à sépales portant des appendices remarquables, ou à dents des folioles plus marquées (Espagne : Sierra Nevada ), ou encore à inflorescences très fournies (Sicile).
Il faut ajouter à cela des roses telles que le rosier du Roussillon R. ruscinonensis , retrouvé par D. Mercier plus d'un siècle après sa description grâce à des images et localisatons de l'herbier Crépin, et qui mérite fort probablement le rang d'espèce séparée endémique du Roussillon, sa morphologie et sa phénologie (il fleurit en mai alors que R. sempervirens fleurit en juin-juillet dans les mêmes régions) dénotant une divergence génétique certaine.
R. sempervirens est présent, bien que parcimonieusement dans l'ouest de la Turquie (région d'Istanbul où il peut rencontrer R. phoenicia et R. gallica, et les îles voisines, généralement jusqu'à 500-600 m, rarement jusqu'à 1300 m, d'après Zielinski).

(* Il n'est pas impossible qu'une hybridation entre R. gallica et l'une de ces formes naines aie donné dans sa descendance le rosier 'Pompon de Bourgogne', cultivar nain probablement très ancien à fleurs très doubles dont la couleur peut varier du cramoisi foncé au rose clair; un cultivar qu'il ne faut pas confondre avec les formes naines de R. x centifolia telles que 'Rose de Meaux' ou 'Petite de Hollande'. 'Pompon de Bourgogne' pourrait avoir hérité de ce sempervirens nain les entrenoeuds très courts -ce qui combiné au port dressé de R. gallica donne l'aspect compact des plantes- et les folioles très petites mais aux caractéristiques sempervirens : forme étroitement ovale-elliptique, sommet acuminé, limbe coriace, foncé, satiné à luisant, à marge révolutée etc... De plus la petite taille de ses fleurs très doubles et l'arrangement de leurs pétales font penser à ceux de Félicité et Perpétue, un hybride de sempervirens. À creuser donc !)


 

3. Rosa phoenicia Boiss. (le rosier de Phénicie)

Dans The Old Shrub Roses, G. S. Thomas nous fait part de l'importance que C. C. Hurst attribue à R. phoenicia Boiss. au même titre que R. moschata Herrm. dans la généalogie des roses cultivées. Il est cependant aussi mal connu de l'amateur que du botaniste confirmé. Si on ne peut donc que se réjouir que Peter Beales ait introduit une rose portant cette appellation dans son catalogue il y a quelques années, il serait plus intéressant encore de connaître l'origine géographique exacte de cette forme. Pourquoi ?
R. phoenicia Boiss. fait partie de la flore de ce qu'en géographie végétale on appelle la province est méditerranéenne. Il se rencontre bien sûr au Liban (ancienne Phénicie), mais aussi au sud-ouest de la Syrie et au nord d'Israël ainsi que dans l'ouest et le sud de la Turquie, où il s'aventure le plus loin à travers le continent en longeant la limite nord de l'ancien croissant fertile mésopotamien. Ses localisations les plus orientales connues se situent dans le nord-est de l'Irak. Sa répartition géographique particulière à la rencontre de trois continents et à la confluence (ou sur le passage) de nombreuses civilisations anciennes créait naturellement des conditions favorables à son entrée dans l'histoire des roses cultivées. Moldenke, dans son livre Bible Plants considère qu'il pourrait être l'un des rosiers dont parlent les écritures.
Mais sur le plan biologique cette situation géographique particulière le place également dans une zone d'endémisme, et la fragmentation de l'aire de répartition des diverses formes qu'on lui a attribuées explique sans doute les divergences entre celles-ci.
L'écologie de R. phoenicia par exemple pose bien des questions. Aux dires de différents observateurs, on le retrouve tantôt dans les zones chaudes et humides - et en principe indemnes de gelées - proches du niveau de la mer ("Hab. in sepibus humidis Phoeniciae littoralis calidioris circa Beyrout, Tripoli, etc..." d'après le protologue de Boissier), tantôt jusqu'à plus de 1000 m d'altitude dans les monts Taurus où les froids hivernaux peuvent être sévères (c'est le cas de l'herbier, récolté par Kotschy sous le numéro 185, dont un double est conservé au Missouri Botanical Garden ...et qui a été défini comme type par le même Boissier). Une telle latitude d'adaptation est-elle possible chez une même espèce ?
Les informations concernant son port dans la nature ne sont pas non plus concordantes. Certains le décrivent comme grimpant et pouvant atteindre 3 à 5 m, d'autres en font un arbuste plus bas et ramifié. La forme en culture dans notre roseraie en Belgique moyenne s'est révélée drageonnante et n'a jamais atteint plus de 0,75 m, mais elle s'est aussi révélée peu rustique, ce qui pourrait par exemple placer son origine dans les parties les plus abritées du gel de l'aire de répartition de l'espèce.
Quant à sa phénologie... Surprise : cette plante acquise chez Peter Beales fin 1997 a fleuri du début de juillet aux premières gelées à Chaumont-Gistoux en été 1998. Ce comportement pourrait expliquer l'étonnante remontance observée en culture chez R. x richardii.

Caractères botaniques remarquables

  • tiges: flexueuses (ce qui en botanique veut dire en zig-zag et pas nécessairement flexible), en tous cas pour de nombreuses formes de basse altitude, munies d'aiguillons petits (environ 5 mm) et bien crochus ;
  • feuilles: ne portant en général que 3 à 5 folioles ;
  • folioles: peu épaisses et souples, mais résistantes, gaufrées, d'un vert moyen terne, largement ovales, à base arrondie et pointe parfois obtuse, de 2 à 4,5 cm de long sur 1,5 à 3 cm de large, la terminale nettement plus grande et les basales nettement plus petites, toutes munies le plus souvent de dents de scie peu nombreuses, larges et profondes (parmi les plus grandes de tout le genre Rosa), densément pubescentes et blanchâtres en dessous, plus ou moins pubescentes en dessus ;
  • stipules: adhérentes, larges et nettement denticulées ;
  • inflorescences: panicules composées portant souvent plusieurs dizaines de fleurs réparties en petites inflorescences secondaires munies de nombreuses et remarquables bractées souvent denticulées et à extrémités parfois foliacées ;
  • sépales: munis d'appendices assez grands largement elliptiques ou parfois foliacés (en particulier le terminal) ;
  • corolles petites à moyennes (2 à 3 cm) ;
  • pétales blancs ou légèrement teintés de rose ;
  • styles: bien que très proéminents au dessus de l'orifice du réceptacle, ils ne sont pas toujours rassemblés avec cohésion en une colonne, mais cela se rencontre aussi chez R. arvensis. dans la même section ;
  • fruits: ellipsoïdes allongés au "col" parfois marqué, longs de 10 à 15 mm, orangés.

Variabilité et limites de l'espèce

Boulenger, suiveur de Crépin dans les années 1930 a défini comme variétés de R. arvensis les deux formes suivantes, classées dans l'herbier Crépin à la rubrique R. phoenicia. On trouve aussi dans le même herbier R. grisebachii, dans lequel Ö. Nilsson voit un hybride avec une Caninae.


 

4. Rosa arvensis var. trojana Boulenger

R. arvensis var. trojana Boulenger doit son nom à la Troade, ou région de Troie, dans l'extrême ouest de la Turquie. Ses pédicelles plus allongés et très glanduleux, ses folioles plus elliptiques, ses boutons plus gros et glanduleux aux appendices des sépales plus linéaires feraient plutôt penser à une forme intermédiaire entre R. sempervirens et le R. phoenicia de basse altitude. Des herbiers tout à fait typiques de cette dernière forme ont d'ailleurs été récoltés dans la région .


5. Rosa arvensis var. taurica Boulenger

R. arvensis var. taurica Boulenger , autre variété, nommée d'après les monts Taurus semble effectivement intermédiaire entre R. phoenicia et R. arvensis (qu'on retrouve jusqu'au sud de l'Anatolie). Ses folioles plus fines moins pubescentes, elliptiques allongées, moins gaufrées, aux dents moins prononcées, ses sépales parfois sans appendices, font penser à R. arvensis. Cette forme semble identique à ce qui a été nommé
R. phoenicia var. kurdica, du Kurdistan. Il serait intéressant de savoir si les R. phoenicia du nord-est de l'Irak leur ressemblent.

Des herbiers récoltés en 1998 lors d'une mission archéologique belge en Turquie du sud présentent des caractères intermédiaires entre R. arvensis var. taurica et les R. phoenicia. de basse altitude (mêmes détails floraux que la var. taurica, mais folioles plus larges et plus densément pubescentes), ce qui les rapproche très fort morphologiquement du type 185 de Kotschy, géographiquement voisin. Or, ils proviennent de zones d'altitude (environ 1000 m), comme R. arvensis dans ces régions. De plus leurs tiges ne sont pas flexueuses et elles sont teintées de pourpre du côté exposé au soleil, comme chez R. arvensis (caractère qui ne serait plus vérifiable sur le type de Kotschy, vu son ancienneté).
On pourrait donc facilement imaginer que la récolte de Kotschy, qui a été définie par Boissier comme type de sa nouvelle espèce R. phoenicia représentait en fait une forme intermédiaire(*), peut-être hybridogène entre R. arvensis et les formes de basse altitude, ces dernières présentant le plus grand nombre de divergences par rapport à R. arvensis et R. sempervirens, autres Synstylae présentes dans la région.

(* À la roseraie de L'Haÿ, à l'entrée de la première galerie à droite, on trouve sous l'appellation de R. arvensis une parfaite illustration de ce phénomène intermédiaire : une plante ayant le port souple et sarmenteux et les tiges violacées côté soleil, de R. arvensis, et d'autre part, les détails foliaires et floraux et le type d'inflorescences fournies et feuillues de R. phoenicia. Son origine n'est malheureusement pas connue).


Quelques hybrides certains ou présumés entre R. gallica et le groupe de R. phoenicia

On ne connaît pas totalement les processus qui ont conduit à des résultats fertiles des croisements entre espèces diploïdes (comme les Synstylae) et tétraploïdes (comme les Gallicanae). Les Damas, bien que peu fertiles sont tétraploïdes, à l'instar de R. x kordesii (F2 de R. rugosa x R. wichuraiana) ou de ‘Dr. Basye's' (R. rugosa x R. abyssinica).
Les similitudes morphologiques entre les hybrides qui suivent et les différentes formes du groupe de R. phoenicia n'entraînent aucune certitude concernant leur parenté. Elles ne sont là qu'à titre d'essai.


 

6. Rosa x richardii Rehder (syn. R. sancta Richard)

Cet hybride moins bien connu qu'il n'y paraît, longtemps considéré comme un précurseur des Damas(*) est cultivé par les Coptes en Erythrée depuis des temps immémoriaux. J'ai pu en voir le type à l'herbier du Muséum d'histoire naturelle de Paris, en plus des exemplaires de Schweinfürth de l'herbier Crépin.
Après avoir été cultivé apparemment de manière confidentielle au début du XXe siècle en Angleterre (voici son illustration dans The Genus Rosa , d'Ellen. Willmott), où il a même fait mine de remonter au mois de décembre aux Jardins botaniques royaux de Kew , il semble avoir disparu des jardins européens. La plante à laquelle on donne erronément son nom actuellement dans les pépinières et les jardins est l'une des formes de R. x polliniana. Cette plante ne possède naturellement pas les attributs typiques de R. phoenicia que possède très clairement R. x richardii : des folioles largement ovales, densément pubescentes en dessous, gaufrées, à dents profondes, et des sépales munis de grands appendices elliptiques ou foliacés.

(*Aujourd'hui, les études d'Hikaru Iwata remettent en cause la présence des gènes de R. phoenicia dans les roses de Damas).


7. Rosa gallica var. aegyptiaca Schwf. (‘Ward Belledi' ou ‘rose du pays', des Egyptiens)

Classé à Rosa gallica par Crépin (comme le précédent, d'ailleurs), la rose 'Ward Belledi' récoltée par Georges Schweinfürth était encore fréquente dans le delta du Nil et dans le Fayoum à la fin du XIXe siècle. Il sagit peut-être d'un hybride triple [(R. gallica x R. phoenicia) x R. sempervirens?] qui devrait sa résistance à la chaleur au moins à l'une des Synstylae impliquées, voire aux deux. Par certains détails (sa glandulosité, la forme ronde de ses boutons, ...), 'Ward Belledi' évoque le R. arvensis var. trojana Il est possible que les voyageurs d'autrefois aient confondu ce cultivar avec les Damas ou les quatre saisons.
Schweinfürth a ramené du Yémen également des formes très similaires que Crépin a pourtant placées parmi les R. x damascena Mill. Celles-ci ne sont pas sans rappeler des spécimens récoltés au cimetière de Puteaux et peut-être à rapporter à R. belgica Mill., la "rose de Puteaux" en 1886 et envoyés à Crépin par M. Delacour, responsable des Ets. Vilmorin.


8. Rosa sp.? (probablement R. gallica x phoenicia, Kurdistan, herbier Crépin)

Ce spécimen à grandes fleurs doubles récolté au XIXe siècle montre une ressemblance frappante avec le groupe de R. phoenicia : folioles ovales à grandes dents, sépales à appendice terminal lancéolé (comme chez R. arvensis var. taurica). Sans nul doute une fort belle variété !


Pour conclure

Aucune espèce de rose n'est morphologiquement et génétiquement homogène sur toute l'étendue de son aire de distribution. C'est un fait de biodiversité duquel il faut tenir compte lorsqu'on s'intéresse à la phylogénie des roses cultivées. R. gallica est variable et les Synstylae le sont tout autant, en plus de s'hybrider entre elles très souvent.
Un peu de connaissance de cette réalité amène à regarder différemment ce que l'on a trop tendance à classer dans les simples cultivars de R. gallica L et à y rechercher des indices de l'influence d'autres espèces. Les affinités des Synstylae avec R. gallica aboutissent à des croisements souvent fertiles. La combinaison de la taille des fleurs de R. gallica avec le caractère composé des inflorescences des Synstylae et la vigueur de celles-ci a certainement produit à de multiples reprises des résultats qui ne sont pas passés inaperçus aux yeux des hommes. R. x damascena, R. x richardii, R. x centifolia, R. x dupontii, R. x portlandica ne sont probablement que quelques exemples parmi la nombreuse descendance qui en a découlé.
L'étude des roses cultivées de l'herbier Crépin tend à montrer aussi que des cultivars régionaux adaptés tels que 'Ward Belledi', hybride de R. gallica adapté aux conditions chaudes de l'Égypte ont pu apparaître grâce à l'existence préalable d'un pool génique sauvage également régional, en l'occurence peut-être des formes orientales de R. sempervirens et d'autres de basse altitude de R. phoenicia.


ivan louette 2002,
mis à jour le 3 mars 2005

 

© ivan louette et Odile Masquelier, 2002-2004.
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