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Le jardin de roses
Ou comment cultiver les roses en Belgique et ailleurs

Par Pierre Lauwers (inédit)

Qu'est-ce qu'une rose?
Deux façons de comprendre de quoi elles ont besoin
Observons les roses en liberté dans la nature
L'hybridation est un mélange aléatoire de ces programmes…
Dans la nature, un plus un ne font quasi jamais deux
Mais tout celà est encore trop simple, l'homme a compliqué encore la question…
De tout celà découle la mise en scène des roses au jardin…
Deux modes de culture différents, un pour les "botaniques", l'autre pour les "hybrides"
Qu'est-ce que la terre?
Comment reconnaître un rosier bien/trop/trop peu nourri?
L'arrosage et ses malentendus en sens divers
Arroser rarement mais abondamment
La taille ou comment une anomalie s'est érigée en dogme
Quand tailler?
Mais passeront-elles l'hiver, ces chères petites?
La mythologie scolaire à propos du climat belge
Les "maladies", un roman-fleuve qui en dit davantage sur nous-mêmes que sur les roses

Les mesures d'hygiène
Particularités des trois principaux cryptogames
Le "problème" des insectes: voir ci-dessus, c'est du pareil au même…

Assez philosophé, plantons maintenant
Laissez-leur ensuite quelques années…


Qu'est-ce qu'une rose?

A cette question, beaucoup répondraient qu'il s'agit d'une petite plante à massifs très colorée, en fleurs tout l'été et qui demande "beaucoup de soins".

Quant à moi, je vous dirai : c'est une ronce. Oui, une "mauvaise herbe", indéracinable, increvable, et qui pique.
Cette "mauvaise herbe" existe depuis bien longtemps avant l'homme, et a envahi quasi tout l'hémisphère nord, depuis la Birmanie jusqu'au cercle polaire arctique.
En existe-t-il des centaines ou des milliers d'espèces? On ne le sait point trop, les experts n'étant pas d'accord ; une espèce peut présenter des dizaines de formes différentes. Autant d'espèces ou pas?
Et comme, d'autre part, ces espèces s'hybrident volontiers entre elles, on peut dire que le genre Rosa illustre à merveille cette "Vérité" qui veut que la Vie soit un foisonnement, un chaos, un fouillis indescriptible, toujours en mouvement, un défi à toute description exhaustive.

L'homme, comme de bien entendu, a voulu mettre son grain de sel dans ce chaudron de sorcière.
Avec le recul que nous avons aujourdhui, on se rend compte que l'histoire de la rose s'apparente à une sorte de quête du Graal : on voulait tout!
Les espèces d'Europe étaient bien évidement résistantes à nos hivers. Qu'elles soient originaires d'Europe ou du Moyen-Orient (Syrie, Turquie, Caucase, Iran, un peu de tout?) elles nous avaient offert diverses formes, variantes, variétés, hybrides -qu'en sait-on?- plus ou moins colorées, plus ou moins doubles ; des fleurs grandes, parfumées, mais qui ne fleurissaient qu'un Mois sur l'année.

On sait qu'en réalité, maints rosiers botaniques possèdent la faculté de remonter, de refleurir en cours de saison. R.Rugosa, Moschata, Fedtschenkoana, Arkansana ; certains hybrides, sans doute naturels, comme R.Damascena et R.Chinensis…Celà fait déjà beaucoup, mais il faut reconnaître que peu de ces roses "expriment" leur faculté de remonter ; ce n'est bien souvent qu'à l'occasion d'une hybridation, naturelle ou "humainement assistée", qu'elle se manifeste chez l'un ou l'autre descendant.

Aussi, quand les premières roses chinoises arrivèrent en Europe, vers la fin du 18ème siècle, remontantes mais peu spectaculaires -au goût de l'époque- et peu rustiques, se mit en route l'un de ces projets naïfs dont l'humanité a le secret: réunir dans une seule plante l'aspect et la rusticité des unes à la faculté de refleurir des autres.
Le beurre et l'argent du beurre, tout et son contraire.

Cette utopie est à la base de deux siècles de travail, d'hybridations intensives, de recherche d'un idéal impossible à atteindre. Mais ne rions pas trop, parce que nous lui devons des milliers de roses plus belles les unes que les autres.
Peut-être avons nous, nous les humains, besoin de croire à des chimères pour avancer?
Quoi qu'il en soit, l'histoire fut ainsi écrite, et nous lui devons l'extraordinaire richesse de nos collections mais aussi tout ce qui distingue la culture d'un églantier commun, qui pousse tout seul dans sa haie, de celle d'un Hybride de Thé à grosses fleurs.
Parce que dites-vous bien qu'en réalité, l'Hybride de Thé, tout sophistiqué, "beau" qu'il soit, est la même plante.
Et que s'il demande davantage d'attention et de soins, ses besoins de base ne sont finalement pas si différents!



 

Deux façons de comprendre de quoi elles ont besoin

Puisque le genre est vaste et complexe, et que l'homme l'a encore complexifié à l'envi, nous pouvons éplucher tous les -nombreux-ouvrages qui existent sur les roses, les étudier comme si nous devions présenter un doctorat en la matière ; savoir, derrière chaque variété, quelles sont les roses botaniques qui, dans les coulisses, tirent les ficelles…pour agir en conséquence. Cette démarche est celle des collectionneurs.

Les roses n'étant -heureusement- pas réservées aux collectionneurs, une autre démarche est possible. Et tout le monde la connaît!
Car en fait, que fait chaque jardinier à qui on offre une plante inconnue?
Il cherche l'endroit qui lui convient au jardin.
Si elle ne se plaît pas au soleil, on lui donne un peu d'ombre. Quand faut-il l'arroser?
Quel sol lui faut-il?
Avant de la fixer à un endroit, on procède à des essais. Tous les jardiniers, sans exception, font celà intuitivement.

Sauf avec les roses.

Pourquoi? Parce que depuis un siècle, la plupart des jardiniers ne connaissent, n'ont côtoyé qu'un seul type de roses : les Hybrides de Thé et leurs cousins proches Floribunda.
Il n'y a pas si longtemps, une dizaine d'années à peine, on ne trouvait quasiment que celà dans le commerce, plus quelques Rugosa, l'un ou l'autre "arbuste-paysage", ainsi que les premières roses "de style ancien" dont la culture ne différe guère de celle des Floribunda.
Soit des roses extrèmement complexes, issues de dizaines de milliers de croisements, et dont la floraison quasiment continue est due à un important apport génétique de roses de climat chaud (R.Chinensis, ...)

C'est-à-dire, chez nous, des plantes qui ont toujours froid.

….et dès lors, capables de "fonctionner" uniquement avec le maximum possible d'ensoleillement.
D'où l'adage "Les roses sont les filles du soleil"…



 

Observons les roses en liberté dans la nature

Les roses botaniques poussent par milliers, notamment R.Canina, l'églantier commun.
Rarement en plein soleil, mais plutôt dans les haies, à l'orée des bois et forêts.
En Amérique du nord, l'espèce japonaise R.Multiflora s'est répandue comme une "mauvaise herbe" -et est traitée comme telle-. Une correspondante de la région de Boston m'a signalé que cette rose pousse toujours à l'ombre d'autres végétaux, jamais en plein soleil.
Un cas assez extrème dans ce sens semble être une autre espèce japonaise, R.Wichuraïana, dont toutes les variétés, même des hybrides assez éloignés -génétiquement si pas d'aspect- comme "American Pillar" préfèrent l'ombre au point de fleurir à l'intérieur de la ramure des arbres.

Qu'en conclure?
Sans doute que si aucune rose ne réussira à l'ombre totale, leurs besoins d'ensoleillement sont en réalité très variables d'une espèce à l'autre ; mieux encore, les hybrides de deux ou plusieurs espèces présenteront des exigeances variables parfois d'une variété à l'autre!

Il est très intéressant également de voir que chaque espèce se plaît dans un type de sol bien précis ; certaines vivent dans le sable, le calcaire, les cailloux. Transplantées dans une terre plus riche, elle peuvent se mettre "à faire n'importe quoi": gigantisme, pousses énormes de plante trop nourrie -et les maladies cryptogamiques qui en découlent- mais aussi des fleurs plus grandes, voire doubles.
Il est très probable que les premières fleurs doubles chez le rosier soient apparues de cette façon, à l'occasion du transfert d'une rose botanique dans un jardin au sol plus riche.
Ceci signifie qu'un autre adage, "Rose= sol riche" est également une généralisation abusive.

Du fait de la généralisation du greffage, on a oublié aussi que l'enracinement des roses diffère également entre les espèces.
Certaines, en particulier celles qui ressortent à la section des Gallicanae, s'enracinent plutôt horizontalement qu'en profondeur -c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elles drageonnent comme des folles-. Ces roses de climat humide n'ont pas vraiment besoin d'aller chercher l'eau en profondeur ; c'est pour cette raison que les américains ont des difficultés à les réussir dans des états au climat chaud et sec, ou, chez nous, sur des sols mal fixés sujets au lessivage par érosion.

Retournons voir nos églantiers communs.
S'ils sont certes nombreux, formant une joyeuse compagnie de parfois plusieurs dizaines de sujets, ils ne se comportent toutefois pas comme des sardines en boîte, mais s'égrènent à quelques mètres de distance entre eux. S'ils drageonnent, les pieds les plus jeunes finissent par l'emporter sur celui d'origine.
Entre eux, d'autres plantes prennent place ; leurs pieds ne sont jamais exposés au soleil direct. Un fouillis de "mauvaises herbes" et l'ombre des arbres avoisinants s'en chargent.

Fort bien, celà c'est pour nos R.Canina.
Ailleurs dans l'hémisphère nord, nous trouverons d'autres espèces de roses, chacune dans un contexte naturel -un "biotope" bien défini.
Certaines grimpent aux arbres comme des lianes ; c'est même assez fréquent, puisque, comme je l'ai déjà dit, la rose est une ronce. D'autres, dans les prairies du centre de l'Amérique du nord, sont des buissons bas qui drageonnent sur un tapis dense de "mauvaises herbes", en harmonie, voire en symbiose avec ces dernières, qui leur ombrent le pied, et ensuite les nourissent de leurs cadavres qui se compostent après l'hiver…
La plupart sont soit des grimpants, soit des arbustes ; les "nains" comme celui dont je parlais plus haut -R.Arkansana en fait, mais il y en a d'autres bien entendu- sont les plus rares.

D'autres roses vivent dans des conditions très particulières ; R.Palustris vit le pied dans l'eau, R.Rugosa quasiment le pied dans l'eau de mer, et la tête dans les embruns.
Et dites-vous bien que cette mer-là- celle des côtes orientales de la Sibérie, jusqu'en Corée et au nord du Japon- n'est pas de celles où vous aimeriez passer vos vacances…

Bref, chaque espèce de rose est adaptée à un milieu de vie bien précis, disons qu'elle dispose d'un "programme" qui lui permet de s'adapter à chaque signal reçu de son environnement : quand entrer en dormance pour l'hiver, quand redémarrer au printemps…




L'hybridation est un mélange aléatoire de ces programmes…

… et n'importe quel informaticien vous dira: "ouille ouille ouille, on n'est pas sortis de l'auberge!".
Beaucoup d'espèces de roses se croisent assez aisément entre elles. Ceci s'est produit maintes fois dans la nature.
Le climat n'étant pas stable, mais ayant connu une suite de glaciations entrecoupées de périodes de réchauffement, les espèces se sont déplacées. Certaines régions comme les abords du Caucase sont connues pour avoir été des "creusets" d'où sont sortis des Hybrides naturels, dont la rose de Damas est sans doute l'exemple le plus important dans l'histoire des roses de jardin.
La rose de Damas est faite de l'union de R.Gallica, dont l'aire de répartition allait de l'Europe occidentale à la Turquie, R.Moschata, qui vivait dans un espace comprenant une partie de l'Iran, de l'Afghanistan, et quelques républiques d'Asie centrale de l'ex-URSS, et R.Fedtschenkoana, d'Asie centrale.
Trois espèces, et de trois sections différentes!
Si la rose de Damas a survécu, c'est sans doute qu'elle est un des rarissimes hybrides de ce genre qui soit viable ; la sélection naturelle a dû faire un sérieux ménage.

Mais dans le cas d'hybridations provoquées par l'homme, il en va bien entendu différemment, car nos critères de sélection ne sont pas du tout ceux de Dame nature…
Un des croisements les plus osés, les plus hasardeux et les plus difficiles dans l'histoire est certainement l'union Gallicanae-Chinensis, celle-là même qui est à l'origine de la quasi-totalité des roses de jardin actuelles.
Ces deux programmes-là sont on ne peut plus différents ; l'une fleurit sur le bois de deux ans au moins, l'autre sur n'importe quelle pousse, y compris celles de l'année.
Ceci dit, remontantes, elles l'étaient toutes les deux, puisqu'en réalité ce sont des descendants de la version remontante de la rose de Damas qui ont représenté la section Gallicanae dans ces croisements! L'union d'une véritable "Gallica" et d'une chinensis n'a jamais donné que des impasses, des roses non-remontantes et quasi stériles ; il n'est pas jusqu'à un hybrideur hyper-célèbre qui, ayant prétendu croiser des Gallica et des roses modernes remontantes pour obtenir, parfois dès la seconde génération, des descendants remontants, à avoir utilisé en réalité la rose de…Damas.

Mais même cette faculté de remonter est différente dans les deux sections ; on pense qu'elle est due à une mutation sur un gène….Mais pas le même, c'est-à-dire que plusieurs gènes différents, mutants, peuvent apporter la remontée.
Mieux encore: cette faculté peut rester latente, inexprimée, comme chez les roses de Damas non-remontantes.
Et encore : il n'est pas du tout garanti que de l'union de deux roses remontantes, dont cette caractéristique est dûe à des mutations sur des gènes différents, on obtienne des roses remontantes…autrement dit, ces remontances peuvent être incompatibles…

Les roses européennes issues de la section Gallicanae se basent, pour déterminer l'état d'avancement de la saison, sur la durée du jour. N'importe quel cultivateur de ces rosiers sait celà; il peut faire 12° en Janvier, elles ne débourreront pas!
Les "chinoises", elles, ignorent ce détail. Sous leurs latitudes plus basses, la durée du jour est bien moins variable ; elles se basent sur la température pour lire le calendrier, et se mettront, chez nous, en boutons au premier redoux.

Bref, elles ont beau être toutes deux des roses, leurs métabolismes sont fondamentalement différents, leurs "programmes" complètement incompatibles, leurs réponses aux signaux environnementaux quasi opposées.
Même leurs nombres de chromosomes diffère, mais les conséquences de ceci sont plus importantes pour l'obtenteur que pour le jardinier.

En conséquence, le comportement des hybrides issus de ces deux mondes est complètement imprévisible. Chacun doit être étudié au cas par cas.
Certains peuvent être extrèmement bons, "Gloire des Rosomanes", peut-être le meilleur, en est un exemple. Il combine la résistance au froid des Gallicanae à la résistance à la chaleur des Chinensis ; il peut vivre, laissé à lui-même, en Californie du sud aussi bien qu'en Allemagne.
Mais la grande majorité de ces hybrides font nettement moins bien, "la faute à l'informatique"; les deux programmes, mélangés, peuvent donner n'importe quoi, jusqu'aux "plantages" les plus spectaculaires. Quiconque utilise des ordinateurs ou des voitures "multiplexées" -le genre à vous laisser en panne de nuit, tous feux éteints et avertisseur en continu- me comprendra.

Ce sont ces roses-là qui ont besoin du jardinier pour survivre. Sans l'aide, le coup de pouce pour "redémarrer la machine" de temps en temps, elles ne peuvent "fonctionner".



 

Dans la nature, un plus un ne font quasi jamais deux

Nous avons, nous les humains, une forte tendance à penser "linéairement", à croire que tout répond à des lois mathématiques.
Par exemple, si l'on croise une rose qui résiste au froid jusque -20° avec une autre qui succombe sous -10°, leurs enfants présenteront une résistance au froid "quelque part entre les deux".
Ou encore, que deux roses "résistantes aux maladies" -un autre mythe dont nous reparlerons- auront plus de chances de donner des rejetons résistants.
Mais tout celà est faux et infirmé par l'expérience, et plus encore si ces roses sont elles-mêmes déjà des hybrides, éloignés de leurs ancêtres botaniques que la nature à mis des millénaires à "mettre au point" pour un biotope bien précis.

Mais tout celà est encore trop simple, l'homme a compliqué encore la question…

…par la généralisation du greffage des roses sur d'autres roses!
Et ceci pour des raisons essentiellement économiques : moins de matériau végétatif nécessaire, plus grande rapidité. Pour le client néophyte, le fait qu'une rose soit greffée sur un "porte-greffe" de deux ans est un gage de croissance initiale plus rapide.
Mais tout celà est au prix de nombreux ennuis possibles. Car dites-vous bien que là également, la "pensée linéaire" induit en erreur.
Si nous greffons, disons, un "R.Gallica officinalis" sur un "R.Canina", le couple greffon-porte-greffe se comportera différemment d'un Gallica sur ses propres racines,
Et différemment d'un R.Canina tout seul. Et ne sera en aucun cas une "moyenne entre les deux", mais quelque chose d'imprévisible, suivant le sol, le climat, l'exposition etc.
Sauf dans des sols extrèmes, calcaires par exemple, rien ne justifie le greffage du point de vue du jardinier ; nous verrons comment aider les roses à se débarasser de cette incongruité quand celà leur chante.


 

De tout celà découle la mise en scène des roses au jardin…

…comme les instruments d'un orchestre dans une composition musicale. Le compositeur sait ce qu'il peut en attendre, quelles sont les limites de chacun des instruments.

Après avoir lu ce qui précède, le lecteur comprendra pourquoi je pense que la plantation de roses en massifs est une hérésie.
Une telle disposition va complètement à l'encontre du comportement des roses dans leur milieu naturel.

Idéalement, chaque rose devrait être séparée des autres par au moins une autre plante.

Les roses détestent se marcher sur les pieds ; elles ont besoin de place pour pouvoir se renouveller en drageonnant -seul secret de leur longévité-. En fait, elles préfèreront, même les hybrides les plus gourmandes, avoir carrément des "mauvaises herbes" à leur pied qu'avoir à supporter la concurrence d'autres roses aussi gourmandes qu'elle, et dont les racines se nourissent à la même profondeur.
Bref, il vaut mieux traiter la plupart des roses comme les arbustes qu'elles sont, et leur donner la compagnie d'autres plantes qui lui garderont le pied au frais, comme dans la nature.
Les roses les moins encombrantes -en apparence- seront bien dans des arrangements style "Mixed border": Galliques, Portland, Polyantha, Floribunda…
Quant aux plus vigoureux…

Il vaut mieux se souvenir que les roses, ces ronces, sont foncièrement indisciplinées.

Que faire de ces lianes, de ces monstres, bardés d'aiguillons traîtres, de trois mètres de haut, de ces nombreux hybrides "anciens" à grosses fleurs qui "versent" à qui mieux-mieux à la première pluie?
Si l'on veut bien oublier le diktat du "plein soleil" imposé au vingtième siècle, les arbres du verger apportent une réponse idéale.
Seules les roses modernes, hybrides hyper-complexes et fortement marquées génétiquement par des roses de climat chaud ne s'y plairont pas.
Mais les Bourbons, les Hybrides Remontants, les Centifolia, certaines modernes particulièrement réussies comme Aloha, New Dawn, font merveille dans les pommiers et poiriers ; il suffit de se souvenir de deux choses:
-Ces arbres étant des Rosacées, il faut considérer le sol à leur pied comme épuisé pour les autres Rosacées, et le remplacer en conséquence.
-La concurrence des racines n'est pas à craindre avec des arbres âgés, dont les racines nouricières sont à plusieurs mètres du tronc.
Dans les arbres plus grands, maints rosiers botaniques et lianes à floraison unique font un spectacle grandiose, au point que les passants s'arrêtent et viennent vous demander "ce que c'est"!

Tout celà n'a évidemment rien à voir avec le "jardin paysagiste", où tout est tracé d'avance, sur un plan, en fonction de "ce qu'on veut avoir comme effet".
Dans un jardin de roses, chaque automne, il y a des déménagements ; des roses nouvelles qui n'ont pas encore trouvé leur place, celle où elles se sentent bien, prospèrent, et ne tombent pas malade.
Les roses sont bien trop fières pour se soumettre à nos caprices. En conséquence, elles n'ont pas leur place dans les "jardins sur plan". Il faut les cultiver pour elles-mêmes, et non vouloir en faire les "petits soldats" de notre volonté de puissance.



 

Deux modes de culture différents, un pour les "botaniques", l'autre pour les "hybrides"

Ceci est un peu un raccourci, parce qu'il existe des hybrides très faciles de culture, voire des roses botaniques qui, provenant d'autres biotopes, demanderont des soins pour réussir chez nous.
Mais en gros, on peut dire que les roses botaniques de régions pas trop différentes des nôtres, ainsi que les hybrides restés assez proches des roses botaniques "planteront" leur système "informatique" rarement, voire pas du tout, tandis que la plupart des hybrides demandent des soins particuliers.
Et en fait, si l'on accepte de "se mettre à l'écoute" de la nature, tous ces soins répondent à la plus simple des logiques.

-Avant les travaux d'hybridation du 19ème siècle, la totalité des roses remontantes avaient des fleurs simples, ou semi-doubles mais alors petites.Leur poids était très réduit. Il suffit de couper une fleur de "Old Blush", d'un Damas remontant, d'un Rugosa d'espèce type, pour s'en rendre compte.
Les grosses fleurs très doubles étaient l'apanage des Gallicanae, dont les Centifolia constituent un exemple type.
Dans sa volonté d'avoir "tout et son contraire", l'homme a obtenu des roses à la fois grandes, très doubles, très lourdes, ET remontantes.
Exemple typique: les Hybrides Remontants.
Il n'est pas nécessaire d'avoir étudié la physique nucléaire pour comprendre que des roses comme celles-là, même en sol très riche, ont absolument besoin d'apports de "nourriture" réguliers, sous peine de floraisons décevantes, maladies, etc.
Donc, il va falloir "nourrir" les roses, tout spécialement celles qui ont des grosses fleurs et qui remontent.


Qu'est-ce que la terre?

Sans entrer dans les détails, c'est une entité vivante, où des myriades de bactéries et de vers transforment les matières organiques (cadavres d'animaux, déchets végétaux); c'est aussi le lien entre le monde organique (matière vivante) et minéral (les cailloux, la roche, le sable…).
La terre, c'est un mélange de matières organiques décomposée et de matières minérales plus ou moins décomposées ; suivant le climat, l'histoire géologique, elle est évidemment extrèmement variable, dans sa composition, d'un endroit à l'autre. Chaque terroir, sur notre planète, présente un sol bien particulier.
On peut bien sûr classer les sols suivant des "profils" : argileux, sablonneux, etc, mais en gros on peut considérer quasiment chaque endroit comme unique de ce point de vue.
Dans quasi tous les sols de l'hémisphère nord, des roses peuvent vivre, puisqu'elles l'ont envahi ; au jardinier de trouver lesquelles. On connaît les grandes tendances : Rugosa dans le sable, Hybrides Remontants pour les sols lourds, Multifloras en sol acide…
Cette entité vivante, il nous faut bien entendu la respecter, donc "nourrir" les roses sans détruire l'équilibre de la vie du sol.

En réalité, on va nourrir non pas les roses, mais la terre.

Les engrais chimiques et minéraux, conçus pour nourrir directement les plantes, sont néfastes pour le sol. Ils l'épuisent par la destruction de l'équilibre entre tous les organismes qui y vivent.
Les engrais organiques, par contre -fumier, humus et compost- seront mangés…par les vers de terre.

Or, la meilleure nourriture pour les roses est constituée des déjections des vers de terre.

On se limitera donc à ces trois apports, au mieux en alternance.
Dans les cas de sols carencés en minéraux, l'industrie propose toute une série d'amendements spécifiques. Mais là encore, je n'y crois qu'à moitié : "le sol manque de fer, j'ajoute du fer"….Ce n'est pas si simple. Sous quelle forme ce fer doit il être donné? Celà dépend du PH du sol, et sans doute de maints autres facteurs.
Mieux vaut sans doute chercher quelles sont les roses qui se plairont dans le sol que nous avons, tel qu'il est, avec seulement des suppléments organiques.
Ces derniers ne présentent pas les risques des produits du commerce, surtout l'excès possible, à condition qu'ils soient bien mûrs -tout particulièrement le fumier-.
Quant aux périodes d'application, il faut tenir compte du fait que les apports organiques ont une action lente. Le mieux consiste en deux applications par an, une en Mars juste après la taille, et l'autre en Novembre quand les roses entrent en dormance.

Ceci est valable pour les roses à grosses fleurs et remontantes ; pour les autres, individuellement, on se situera entre celà et rien du tout.
Maintes roses botaniques sont très peu exigeantes. Des apports de fumier pourraient même être néfastes pour elles.
Les galliques, les Damas et les Centfeuilles se suffiront d'un apport par an. Les Portland, de dimensions réduites mais bien remontants, demanderont deux apports par an mais avec des quantités moindres que pour des Hybrides Remontants -tout celà est logique-.



 

Comment reconnaître un rosier bien/trop/
trop peu nourri?

Il faut d'abord connaître la variété, savoir quelle couleur présente son feuillage, quelle vigueur il manifeste.
Une rose trop peu nourrie va présenter des symptômes de "plantage informatique" ; il s'agit, quasi dans tous les cas, d'un hybride incapable de s'adapter de lui-même à une carence. Il va donc "se mettre en panne" ; croissance ralentie ou stoppée, feuillage trop petit, trop clair ; la mise en bouton sera précoce, sur des pousses trop courtes.
Ces boutons, trop petits, seront dévorés par les insectes.
L'arrêt végétatif favorisera l'apparition du Marsonia, et comme la vigueur manque, au lieu de repartir pour remplacer son feuillage, la plante finira complètement défoliée en plein été. Si elle est jeune, elle peut carrément en mourir.
Dans des cas moins graves, on peut trouver un "plantage" propres aux roses remontantes : après une floraison normale en Juin, elles refusent de "repartir" et se mettent en grève jusqu'à l'année suivante…Ici, il faut penser à un apport insuffisant en Mars. Mais celà peut aussi provenir d'autres facteurs: arrosage insuffisant ou mal fait, concurrence d'autres plantes (haies, distances de plantation trop faibles…)
Il convient toutefois de noter que ce comportement est quasi normal chez beaucoup de roses anciennes remontantes quand elles sont jeunes. Des monstres comme "Baron Girod de l'Ain", "Baroness Rotschild", "Mme Isaac Pereire" demandent cinq ans avant de présenter leurs performances réelles…

L'excès d'engrais est tout aussi grave!
La rose, "boostée", va produire des pousses trop longues avant de se mettre en boutons. Les premiers servis seront les pucerons, qui se passeront le mot pour venir profiter du repas que vous leur offrez.
Les suivants seront les maladies cryptogamiques, qui raffolent de ces feuillages trop tendres, Marsonia et Oidium surtout. Ils attaqueront ensemble ou l'un puis l'autre, en fonction des conditions météo.
La rose va réagir en produisant de nouvelles pousses!
A l'extrème, si elle est jeune, elle peut aussi en mourir. En effet, il va arriver un moment où ses racines ne pourront plus suivre ; c'est alors que l'on voit le bout des pousses pendre lamentablement. J'appelle celà "l'infarctus".
Quand on en est là, la seule solution est radicale : tout rabattre sévèrement des trois quarts, puis arroser à fond.
Une variante moins grave de l'excès de nourriture s'observe quand les pluies ont été abondantes au printemps : un feuillage hypertrophié , présentant des folioles anormalement grandes.
Ceci rentre normalement dans l'ordre dès la mise en boutons.

Ceci explique pourquoi les pépiniéristes sérieux conseillent de ne jamais donner d'engrais aux roses durant leur première année, à part l'humus pour rosiers adjoint au sol à la plantation.
Avant de lui demander de "casser la baraque", de croître et fleurir à 100% de ses capacités, mieux vaut lui laisser le temps de consolider ses fondations…bref un système racinaire suffisant.
Avec des roses particulièrement peu vigoureuses, comme certains des tout premiers Rosomènes -Géant des Batailles, Empereur du Maroc-, les Portland de la famille des "Rose du roi", il est même à conseiller de supprimer les boutons la première année, ceci pour imposer à la plante de concentrer son énergie sur ses racines et sa végétation d'abord!



 

L'arrosage et ses malentendus en sens divers

Que d'âneries n'ai-je lues et entendues en cette matière!
Depuis le pépiniériste prétendant ne jamais arroser ses roses -dans une région copieusement arrosée toutefois- jusqu'aux stakhanovistes de l'arrosage quasi quotidien.
Les roses botaniques qui vivent chez elles, dans leur biotope d'origine, n'ont bien évidemment besoin de rien, même si "chez elles" c'est un désert! Mieux même, des roses comme celles-là souffriraient si on les arrose.
En fait, les besoins des roses en matière d'arrosage sont la plupart du temps corrélés avec leurs besoins de nourriture : une rose gourmande, avide des plaisirs de la chère, est aussi une assoiffée.
Il s'agit donc de roses hybrides, qui vont se "planter" si elles manquent d'eau, avec des symptômes assez proches de ceux d'une affamée -voir plus haut- mais précédés de l'apparition de folioles jaunis de ci-de là.
Il faudra donc arroser -même en Belgique-, tout particulièrement:
-Les roses jeunes, de tous types
-Au printemps dès qu'il fait sec, quand les pousses sont jeunes
-En cours de première floraison s'il fait sec, pour permettre aux roses de repartir ensuite
-Les roses nouvellement plantées, même en hiver s'il fait sec.

Fort bien, mais le tout est de savoir comment….Depuis l'horreur absolue -"tourniquets" qui aspergent tout le jardin en pluie- jusqu'au goutte-à-goutte.

Règle unique : se souvenir que les roses ont des racines d'un mètre en moyenne, et que c'est à cette profondeur qu'elles se nourissent et s'abreuvent.

Ite Missa est. Tout est là.
Un arrosage superficiel est néfaste, mieux vaut s'en abstenir ; le sol va durcir, étouffant les racines superficielles que ce type d'arrosage favorise!


Arroser rarement mais abondamment

S'il fait réellement chaud et sec, 30° à l'ombre sans une goutte de pluie depuis des semaines, la fréquence maximale des arrosages sera de une fois par semaine en Belgique.
Exceptions: les roses en pots et les jeunes plantées l'hiver précédent, qu'on doit alors arroser plus souvent.

Pour s'assurer que l'eau arrive en profondeur, il n'y a pas trente-six solutions, il faut beaucoup d'eau et la verser lentement pour éviter qu'elle ne ruisselle!
Le minimum, pour des roses compactes, est 10 litres à la fois. Pour un grimpant ou un grand arbuste près d'un arbre ou d'un mur, 20 litres.
Quant aux moyens de cette politique, ce sont l'arrosoir -sans pomme!!!- ou le tuyau déposé sur le sol avec un débit très faible, laissé en place longtemps.

Matin, Midi ou soir, peu importe, mais ne pas mouiller les feuilles.

Surtout s'il y a du soleil ; les feuilles brûleraient. Et d'autre part, l'arrosage des feuilles favorise deux maladies cryptogamiques : le Marsonia et la Rouille…
Corrolaire : les fameux "tourniquets" n'ont rien à faire dans un jardin de roses.
Mettez-les en vente à la prochaine brocante.

Si votre sol est lourd et a tendance à durcir, un léger binage le lendemain est très utile.



 

La taille ou comment une anomalie s'est
érigée en dogme

Revenons à notre églantier oublié dans sa haie!
Bien entendu, il ignore tout du sécateur. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ignore également la taille.
Comme le disent d'aucuns avec malice, "un accident peut toujours arriver" ; une vache dans le pré voisin peut commettre un faux pas. Un arbre peut tomber, ou perdre une branche mal placée, lors d'une tempête. Même les lièvres peuvent intervenir, et là,on sait ce que celà signifie : rabattage jusqu'au sol.
Mais même en l'absence d'"accidents", l'espérance de vie des tiges est limitée. Après quelques années,elles ne fleurissent plus, se déssèchent et meurent. Ce sont les drageons qui prennent la relève, un peu plus loin.
Bref jusqu'à un certain point on observe que les roses se taillent elles-mêmes.

Corrolaire : S'il est un principe à conserver dans tout ce qu'on a raconté sur la taille du temps de nos parents, c'est celui qui veut qu'on élimine le bois mort ou trop vieux.

Malheureusement, une fois de plus, ce n'est pas si simple.
Qu'est ce qu'une tige "vieille"? Eh bien, celà varie, et grandement, suivant les espèces et les variétés d'hybrides.
Un "Baron Girod de l'Ain" de sept ans n'a encore aucune tige trop vieille pour fleurir en abondance ; mieux encore, quasi non taillé, il produit encore des nouvelles pousses à la base chaque année.
D'autres roses, par contre, demandent à être débarassées du bois de deux ans sous peine de mourir si elles sont greffées, ce qui les empêche de drageonner!

En collectionnant des roses très diverses, de tous types et de toutes époques, on observe que maintes roses anciennes, non remontantes mais également remontantes, pourraient se passer de toute taille, à l'exception de l'enlèvement des fleurs fanées, sur les remontants, et du bois mort.
Mais vers 1859 et l'apparition de "Victor Verdier" chez les Hybrides remontants, tout change. Confirmation un peu plus tard, avec l'avènement des Hybrides de Thé.
Et il semble bien que ce soit l'adjonction de l'élément "Thé" dans le capital génétique des Hybrides Remontants qui en soit l'origine.
" Victor Verdier" a un parent Thé comme père ; pour cette raison, lui-même et ses enfants sont toujours des Hybrides Remontants.
Les premiers Hybrides de Thé ont comme pères des Hybrides Remontants, et des roses Thé comme mère.
C'est à partir de ce moment qu'on observe un vieillissement accéléré du bois. En quelques années, la base des tiges devient épaisse, se déssèche, se craquèle. Si on ne fait rien, un beau printemps, après le départ de la végétation, toute la tige meurt d'un coup.
Pire encore, ces roses-là ne produisent de nouvelles tiges qu'à contrecoeur! Il faut brosser le point de greffe avec une brosse en fer, voire la partie pivotante de la racine, entre le point de greffe (inclus) et les premières ramifications des racines avec un épluchoir à pommes de terre comme le faisait Louis Lens. ET tailler sévèrement chaque année, toujours pour provoquer l'apparition de nouvelles tiges.

D'où tous les principes de la taille du 20ème siècle que nous ont appris nos parents : taille "à trois yeux", éliminer le vieux bois etc.

Ces principes, nous les conserverons donc, mais uniquement pour les roses où se trouve cet élément "Thé":
-Les Hybrides remontants descendant de "Victor Verdier" et "Frau Karl Druschki"
-Les Hybrides de Thé
-Les Floribunda (PAS les vrais Polyantha)
-Les "Arbustes modernes", y compris toutes les roses "modernes de style ancien"

Il semble qu'à cette liste il faille ajouter pas mal d'hybrides de Multiflora - à l'exception de lianes comme "Bobbie James"- et donc aussi les Hybrides de Moschata, qui en descendent directement. Certains Rugosas, comme "Roseraie de l'Haÿ", montrent ce problème aussi, en tous cas chez moi. Mais peut-être s'agit-il dans son cas d'une inadaptation au sol -trop riche- ou d'un mauvais accord avec le porte-greffe.

Il s'agit là d'un des plus spectaculaires "plantages" issus de l'hybridation, car, pour autant que je sache, les roses Thé elles-mêmes présentent cet inconvénient de façon très limitée.

Avec toutes les autres roses, on sera beaucoup plus libres de tailler ou non, ou un peu seulement. En principe, elles supportent toutes la taille, à condition de tenir compte de leur vigueur.
En effet, si on rabat sévèrement un Hybride Remontant comme "Baroness Rotschild", celà revient à réduire le nombre d'yeux disponibles pour le démarrage. En conséquence, la rose va produire d'immenses tiges raides, direction le ciel, avant de fleurir.
Et ces immenses tiges présenteront les mêmes inconvénients que celles d'une rose trop nourrie : pucerons et maladies.
A l'inverse, une rose très peu vigoureuse, non taillée, va s'étioler. Elle va disperser son effort dans un grand nombre de brindilles trop faibles pour bien fleurir.

C'est en quelque sorte un système de vases communicants, un équilibre à respecter entre la vigueur dont la plante dispose et l'importance de sa partie aérienne.

C'est encore une fois logique : on ne fera pas d'un Dogue allemand un Chihuahua, et réciproquement…
Suivant les cas, on peut rabattre d'un tiers, de moitié, ou juste "égaliser". Peu importe le nombre d'yeux ; on se moque de "dégager le centre" ; on laissera les "brindilles" en place, parce que leur mise en feuilles précoce facilite le démarrage de la plante. On peut même carrément faire comme pour une haie : on décide qu'une rose de 1,80 mètres de haut sera redescendue à 1 mètre vingt, et couper simplement tout ce qui dépasse cette hauteur. En dessous, on n'enlèvera que le bois mort.
C'est précisément ainsi que je taille les Hybrides remontants arbustes, avec des résultats qui n'ont encore été critiqués par personne.



 

Quand tailler?

Pour les remontants : au début du printemps, quand les Forsythias sont en fleurs.
Cette règle à l'immense avantage de s'adapter automatiquement à toutes les subtilités climatiques de tous les terroirs.

Pour les non-remontants : juste après la floraison, soit le plus souvent en Juillet en Belgique.

On trouve en Belgique une tradition de la taille d'automne chez les jardiniers.
Cette curiosité provient d'un mythe sur le climat belge, nous y reviendrons.
Concue pour éviter des bris de tiges, voire des déracinements, dûs au vent ou au poids de la neige, elle ne se justifie vraiment qu'en région côtière, où les vents sont effectivement violents et les hivers jamais très froids.
En moyenne et haute-Belgique, cette taille d'automne est néfaste et il est à recommander d'y renoncer ; nous en reparlerons à propos de la rusticité des roses et des particularités de notre climat…


Mais passeront-elles l'hiver, ces chères petites?

Encore un sujet extrèmement complexe…
Avec de l'eau, c'est simple : elle gèle à partir de -0,1° Celsius, et fond à partir de 0°.
Les roses, elles, font preuve de plus d'imagination.
Leur rusticité, c'est-à-dire les températures les plus basses qu'elles puissent supporter sans dommages, n'est pas une valeur absolue -X°, mais un diagramme abcisses-ordonnées, soit une courbe où les températures sont en abcisses, la période de l'année en ordonnée.
A l'entrée de l'hiver, la plante entre en dormance. En ce stade intermédiaire, elle peut supporter un coup de froid jusque la valeur A.
Au coeur de l'hiver, en dormance complète, elle pourra encaisser par exemple la température A- 10°C.
Au début du printemps, au moment de redémarrer, sa tolérance au froid va grandement se réduire, et se limitera par exemple à A+5°C…
Autant déjà préciser à ce stade que davantage que les extrèmes, c'est la stabilité d'un climat qui importe!
Bien entendu, cette "courbe de rusticité" dépend du fameux "programme informatique" que la nature à mis des millénaires à mettre au point chez les roses botaniques pour un terroir bien défini.
Et comme mon lecteur l'aura compris, l'hybridation de roses d'espèces différentes, provenant de terroirs différents, va donner des courbes de toutes les formes imaginables, jusqu'à l'inimaginable.

Chez les roses hybrides, la rusticité dans un terroir précis ne peut être évaluée qu'individuellement, par variété.

Ce n'est qu'exceptionellement, dans certaines classes bien précises, qu'on trouve une relative homogénéité à ce niveau. Les Hybrides Remontants sont peut-être les plus "prévisibles" à ce niveau, parce qu'ils constituent quelques lignées seulement, issues d'ancêtres bien précis.
Mais même parmi eux, il y a des différences ; ceux issus de "Victor Verdier", avec apport Thé, sont moins rustiques que ceux issus des lignées plus anciennes.

Ces courbes vont bien entendu jouer des tours. Une rose peut par exemple résister à nos -12°, -15° que nous pouvons avoir en moyenne Belgique en Janvier. Peut-être même pourrait elle supporter -20°……Mais PAS le -5° que nous avons régulièrement…en Mars!
Et c'est ainsi qu'il est parfaitement possible qu'une rose rustique sous un climat continental aux hivers plus froids que les nôtres ne le soit pas chez nous.
Une autre variable s'ajoute : l'"aoûtement" des tiges peut, chez certaines roses, être insuffisant chez nous par manque de soleil en été. Et ce bois, pas assez mûr, d'être moins résistant l'hiver que sous un climat aux hivers plus froids mais aux étés plus chauds et ensoleillés.

Corrolaire : une rose d'une variété donnée supportera des températures hivernales plus basses sous un climat continental que sous un climat maritime ou de transition caractérisé par une grande variabilité.

Et c'est ainsi qu'il nous est arrivé à tous, ici en Belgique, d'essayer une nouvelle variété de rose, testée dans des pays aux hivers rudes, et dès lors mise "au commerce" chez nous sans arrière pensée….pour disparaître après le premier hiver.

Et par-dessus le marché, d'autres variables jouent encore!
-Le sol : imperméable ou bien drainé, se réchauffant vite ou non…
-L'exposition
-Le mode de culture.

A propos de ce dernier point, citons cette fameuse taille d'automne ; si la température ne dépasse pas 15° pendant plusieurs jours consécutifs juste après, les blessures ne se "cicatriseront" pas, ouvrant une autoroute E 411 -sans travaux- au froid, pour geler les tiges quasiment de l'intérieur.
Et d'autre part, si le bonhomme hiver a décidé de vous geler 20 centimètres de tiges, mieux vaut qu'elles fassent 1,20 mètres que 60 centimètres…

C'est pourquoi je suis les conseils des spécialistes allemands en la matière : ne rien tailler en dehors des deux époques de taille, Mars pour les remontants, Juillet pour les non-remontants. Même les fleurs fanées ne seront plus coupées à partir de la seconde moitié du mois d'Août.

Tiens, me diront certains, les auteurs anglais donnent des instructions de taille pour quasi toute l'année ; taille d'été, d'automne, d'hiver…



 

La mythologie scolaire à propos du climat belge

Nous l'avons tous appris dès l'école primaire : "La Belgique possède un climat maritime tempéré".
Celà fait partie de l'idée qu'un pays se fait de lui-même, et qu'il généralise pour l'ensemble de son "domaine".
Les petits allemands, eux, apprennent que leur pays fait partie de la "Mitteleuropa", avec un climat continental rude.

L'ennui, c'est que Bastogne, Vielsalm, Sankt-Vith, Bütgenbach, Amel, Büllingen, Ouren, Houffalize, le trio du plateau de Recogne (Bertrix-Libramont-Neufchâteau), Saint-Hubert…..et j'en oublie, sont autant d'endroits où l'Hiver est plus froid -et plus humide en sus, bien entendu- qu'à Hamburg, Essen, Cologne, Francfort, Bonn, le bassin de la Ruhr….et j'en oublie davantage encore.

Le climat belge est en réalité typique d'une zone de transition ; seule la bande côtière ressort à un climat "maritime-océanique" authentique. Le reste montre une infinité de nuances, incroyables pour un pays si petit.
Aux Etats-Unis, la petite Belgique couvrirait pas moins de trois zones "USDA" (définies par le ministère de l'agriculture) : les zones 8, 7 et 6!
En voici les raisons:
-L'altitude, plus élevée à l'est qu'à l'ouest. L'effet en est double : d'une part, les nuages venus de l'ouest sont "incités" à nous arroser encore plus copieusement, ce qui fait que la Belgique reçoit plus de précipitations qu'une bonne partie de l'Angleterre;
et d'autre part, les régions les plus éloignées de la Mer et de son influence adoucissante sur les températures extrèmes sont aussi les plus hautes en altitude, d'où cumul de deux facteurs "refroidissants".
-La grande variété des sols. Dans le nord des provinces du Limbourg et d'Anvers, ainsi que- pour l'anecdote- la montagne St Pierre près de Liège, Stockem près d'Arlon et dans certains endroits du Brabant, le sol est constitué de sable en majorité.
Ce sol se réchauffe et se refroidit très vite, au point qu'une vaste zone, la "Campine", possède un climat quasi continental malgré la proximité de la mer. Dans les autres endroits où on trouve du sable, son étendue réduite n'aura pas le même effet mais donnera des microclimats.
Dans la dépression de la Famenne, près de Rochefort, on trouve des sols karstiques très calcaires ; cette région est particulièrement chaude en été.
En d'autres endroits, on a des sols lourds, soit du limon soit de l'argile, qui se réchauffent et sèchent difficilement.
La vallée de la Meuse est un cas extrème. Le sol, de l'argile presque pure, est ce qu'on nomme une "terre froide", au point que la végétation présente du retard au printemps par rapport à d'autres régions.
A celà s'ajoute l'abondance de la couverture forestière -en augmentation constante depuis l'unification de la politique agricole européenne- qui agit comme un énorme climatiseur.
L'addition de ces deux facteurs fait de la vallée de la Meuse entre Namur et la France un endroit où, même si de jour il fait 30° en été, le petit matin est toujours frais, avec passage systématique sous le "point de rosée". Le matin à 10 heures, il peut faire 25°, les pelouses sont encore humides!

Tout ceci pour dire que les conseils de culture trouvés dans n'importe quelle littérature provenant de pays voisins nous sont en réalité peu adaptés.
Un jour, nous partageons les conditions météo de Londres, le lendemain celles de Berlin!

Rien que ces faits expliquent pourquoi maintes roses françaises ou anglaises ne font pas grand'chose chez nous, ou alors dans des endroits privilégiés.
Vu l'extrème variabilité de notre climat, mieux vaut se référer au méthodes qui ont cours en Allemagne qu'en Angleterre.
Mais même ainsi, des surprises sont encore possibles. Une rose qui supporte -25° en Allemagne n'accepterait pas ces températures chez nous ; d'autre part, le type de dégâts dûs à l'hiver diffère.
Sur Internet on trouve des sites américains qui illustrent les dégâts observés en climat continental : bout des tiges gelés, tiges gelées jusqu'au niveau de la couverture de neige -qui reste en place pendant des mois!-etc.
Chez nous, c'est plutôt en fin d'hiver qu'il y a des problèmes.
Suite aux fortes variations de température que nous connaissons, les roses fortement influencées par R.Chinensis vont démarrer trop tôt, dès Février, quand un coup de vent du sud-ouest amène la température à 12°.
En conséquence, ces roses vont démarrer, et leur tolérance au froid se réduire simultanément.
Deux jours après, suite à l'arrivée d'une masse d'air en provenance de l'est, nous aurons -7° à Bruxelles -et donc facilement -12° en maints endroits ailleurs-.
En plus de celà, le soleil s'en mêle: -7° la nuit, puis un redoux vers 10°, avec du soleil sur les tiges…

Ces successions gel-dégel sont un véritable supplice pour les roses, qui préféreraient de loin encore du gel en continu.

Et c'est ainsi qu'en Avril, après un démarrage normal….On trouve tout d'un coup des tiges mortes jusqu'à la base, suite à un véritable "éclatement" des cellules.

Reparlons d'Avril : c'est aussi le mois des gelées tardives, où un -5° est toujours possible, et même -3° en Mai.
Ceci peut détruire toutes les nouvelles pousses, au moment précis où à Mottisfont, dans le sud de l'Angleterre, éclosent les premières roses.

A ce problème s'ajoute encore celui d'une humidité extrème, des sols en hiver, ce qui peut être nuisible en sols lourds surtout pour des roses jeunes, de l'air en été, puisque de ce point de vue la Belgique suit le régime des climats continentaux d'Europe centrale, caractérisés par un maximum de précipitations en été.

Bref, fermons les cahiers!
S'il n'est stricto sensu pas faux de dire que la Belgique " a un climat maritime", c'est pire encore : une demi-vérité…

Nous avons donc besoin de roses rustiques en Belgique, pour la Belgique, et celà signifie des roses qui "débourrent" tardivement.
En pratique, les Gallicanae, qui ne se laissent pas "rouler" par les caprices de la météo et attendent sagement que les jours s'allongent avant de terminer leur grasse matinée, sont très adaptés à nos régions: Galliques, Damas, Centfeuilles, Mousseux. On peut y ajouter les Alba bien entendu et, en sols pauvres, les Rugosa.
Parmi les roses remontantes, ce sont celles où l'élément "Chinensis" est le plus faible, et l'élément "Thé" absent, qui poseront le moins de problèmes, tout particulièrement les Portland et les Hybrides remontants descendant de "La Reine" et "Gloire des Rosomanes".Et bien entendu, toutes les roses botaniques de climats frais, les roses de tous types obtenues en Belgique et testées chez nous, les roses obtenues dans le Schleswig-Holstein en Allemagne du nord, au Dannemark…



 

Les "maladies", un roman-fleuve qui en dit davantage sur nous-mêmes que sur les roses

Sur dix pages écrites sur les roses, dans les livres, les magazines ou les forums sur Internet, neuf sont consacrées à trois "maladies" -cryptogames en réalité- qu'on trouve absolument partout, jusqu'en Nouvelle-Zélande :
-Le Marsonia (Marssonina rosea)
-La rouille (Phragmidium mucronatum)
-L'oidium ( Sphaerotheca pannosa var.rosae)

Le fait même qu'on les retrouve partout montre qu'on a là un "plantage" dû à l'hybridation, d'une part, et un manque de précaution de l'homme, qui a répandu le problème sur toute la surface du globe -comme les rats-.

Il s'agit de cryptogames, donc de champignons. A l'origine, ils devaient exister dans des terroirs bien définis, contrôlés par l'équilibre naturel propres à ces terroirs.
L'hybridation des roses à dû leur ouvrir un véritable boulevard, par l'apparition de variétés incapables de se défendre, et voilà nos champignons en culture -involontaire- dans le monde entier.
L'exemple le plus connu est celui de R. foetida, une rose jaune du moyen-orient, qui fut utilisée par Pernet-Ducher au début du 20ème siècle pour introduire la couleur jaune dans les roses de jardin.
Croisée aves des Hybrides Remontants, elle a donné les premiers Hybrides de Thé jaunes, les "Pernetiana". Belle réussite, mais à laquelle on doit la sensibilité de quasi toutes les roses modernes au Marsonia!

Ce sont d'ailleurs les roses modernes qui risquent de mourir de ces "maladies". Les anciennes, sauf cas extrème, n'en meurent pas. Les variétés les plus sensibles ont disparu, les autres ont appris à vivre avec.
Bien entendu, l'imagination "mathématique" de l'homme étant sans limites, un véritable arsenal entier de produits toxiques a été essayé au fil du temps, et continue à être essayé, avec des "trucs" qu'on se refile sur Internet. Avec pour résultat des cryptogames de plus en plus résistants.

En effet, ces cryptogames mutent continuellement, ce qui rend leur comportement imprévisible et la lutte "chimique" inefficace voire contre-productive.

Certaines de ces "souches" s'attaquent aux feuilles jeunes, d'autres aux plus âgées, voire les unes ou les autres suivant la température. Ceci est particulièrement vrai pour le Marsonia.
Ces délicats champignons ont absolument horreur de changer leurs habitudes. Habituée au feuillage lisse des Hybrides de Thé, une souche n'appréciera pas, mais alors pas du tout devoir, pour attaquer l'Hybride de Thé suivant, passer par le feuillage coriace d'un Gallicanae.
La rouille, si à l'aise sur les Hybrides Remontants pourpres et les Hybrides de Rugosa, sera bloquée dans son avance vers la victime suivante si des roses d'autres classes horticoles sont sur son chemin.

Mesure prophylactique numéro un : mieux vaut collectionner des roses de classes variées, et les mélanger entre elles, qu'entasser des roses de variétés ou classes identiques ensemble!

C'est ce que j'ai fait par hasard, en collectionnant des roses de types divers et en les mélangeant pour l'attrait des différences de feuillage, de port, de hauteur (en associant des arbustes et des lianes, etc).
Résultat, l'impact des "maladies cryptogamiques" est chez moi moindre chaque année; faire celà, celà revient à parsemer une autoroute E 411 -ouverte par l'hybridation- de nombreux chantiers "à perpétuité" et autres bouchons divers.

Bien entendu, une "épidémie" sera encore facilitée si les roses se touchent entre elles, ce qui est logique.
Les deux points ci-dessus expliquent pourquoi les massifs de roses d'une variété unique sont des pépinières à cryptogames…D'autant plus que ces massifs sont constitués de variétés basses, taillées sévèrement.

En effet, la Rouille et le Marsonia sont particulièrement favorisés par l'humidité qui stagne sur les feuilles pendant plusieurs heures ; quant aux spores présents sur le sol, il se transporteront sur le dessous des feuilles grâce à l'eau qui rebondit sur le sol.

Le feuillage près d'un sol nu est une proie facile, et servira de porte d'entrée aux cryptogames.

Dès lors, tout particulièrement dans nos régions où il pleut deux jours sur trois, toute technique de taille visant à obtenir des fleurs -et donc forcément du feuillage- depuis la base d'une rose est néfaste ; mieux vaut cacher le pied avec des plantes d'accompagnement, dont le feuillage interceptera l'eau de pluie qui rebondit sur le sol.
On me dira que le paillis ou "mulch" feront aussi bien. Mais c'est finalement moins esthétique qu'une belle association, d'une part, à renouveller fréquemment ensuite.
Se pose aussi la question: quel paillis? Des tontes de gazon? Oui, mais en épaisseur très réduite, car elles apportent de l'azote, et servent de cachette aux rongeurs. A renouveller très fréquemment donc.
Les fameuses écorces de pins? Toxiques pour les roses!
Les cosses de cacao? D'une part, c'est très cher ; ensuite, Ivan Louette m'a signalé que le cocktail de pesticides qui s'y trouve doit être détonant, provenant de plus de pays dépourvus de règlements en la matière…



 

Les mesures d'hygiène

Elles sont classiques et logiques : brûler les déchets de taille -ne jamais les mettre au compost-, ramasser au maximum les feuilles infectées.
On constatera toutefois que les infections sont le plus souvent temporaires et disparaissent d'elles-mêmes après quelque temps ; ne pas confondre cryptogames du rosier et maladies humaines!
Pour ma part, je pratique une pulvérisation de bouillie bordelaise en hiver. Ce produit, admis pour l'agriculture biologique, élimine une bonne part des spores hivernant sur les tiges et le sol. Mais même celà, je ne suis pas certain d'encore le faire d'ici quelques années.


Particularités des trois principaux cryptogames

Le MARSONIA est le plus fréquent, on peut dire que sa présence, si elle reste temporaire, est quasiment normale chez beaucoup de variétés.
Beaucoup d'erreurs, de mise en scène, comme on vient de le voir, mais aussi de culture sont susceptibles de le favoriser:
-Manque de drainage du sol
-Rose trop ou pas assez nourrie
-Taille trop courte
-Sol nu, compact
-Soleil au pied sur un sol nu
-Feuillage mouillé lors de l'arrosage
-Emplacement trop confiné où l'air ne circule pas, d'où humidité constante
-Variété sur-représentée dans le jardin, voire le voisinage, d'où prolifération
d'une souche adaptée à cette variété particulière!
-Emplacement ne convenant pas à une variété particulière -trop peu ou trop de soleil, de chaleur, sol trop pauvre/trop riche, trop humide/trop sec…-

On pense souvent que le Marsonia est provoqué par l'humidité. Ce n'est que partiellement vrai, celà dépend des souches, côté cryptogames, et des classes horticoles, côté roses.
Ce qui est vrai, c'est que l'infestation a besoin d'un feuillage humide pendant sept heures pour pouvoir s'installer.
Mais on observe des différences ; si les Hybrides de Thé, par exemple, seront volontiers atteints lors d'une période pluvieuse et fraîche, les Hybrides Remontants, eux, en sortiront indemnes. Ceux-là, ils souffriront bien davantage par temps chaud, avec ou sans orages, quand l'air lui-même est fortement chargé en humidité.
Autant dire que chaque classe, chaque "famille" de roses "fera sa crise" à son heure, et pas en même temps que les autres.
Raison de plus pour les mélanger entre elles…

La ROUILLE est le cryptogame que je crains le plus. Certaines roses, tout particulièrement les Hybrides Remontants pourpres et les Hybrides de Rugosa, y sont spécialement sensibles.
Dès qu'on voit des pustules oranges sous les feuilles, il ne faut pas hésiter à les couper et les brûler. Si on attend, les tiges elles-mêmes seront atteintes et il faudra les couper.
La rouille est favorisée par un temps froid et humide au printemps et en été. Ici tout particulièrement, l'eau qui rebondit sur le sol favorise l'infestation.
Quelques mesures simples de prévention:

-Les roses sensibles, comme les Hybrides Remontants issus de "Gloire des Rosomanes" (ou "Rosomènes"), les Hybrides de Rugosa comme "Sarah Van Fleet", " Rose à parfum de l'Haÿ", "Conrad Ferdinand Meyer", seront placés à grande distance les unes des autres au jardin.
-On évitera de les tailler trop, et on les conduira en grimpants si possible, avec un support.
-Plantes d'accompagnement au pied obligatoires! Certains chez moi n'en n'ont pas encore, d'où parfois des attaques de rouille, qui commencent toujours par les feuilles les plus proches du sol.

L'OIDIUM se comporte tout à fait différemment des deux autres cryptogames.
Il ne commence pas par les feuilles proches du sol, mais de préférence par les pousses les plus jeunes au sommet de la plante ; il n'est pas favorisé par l'eau, qu'elle provienne du ciel ou rebondisse sur le sol.
L'oidium est clairement favorisé par de fortes variations des conditions de culture:
-Journées chaudes suivies de nuits froides
-Sécheresse après une période très humide

Dans nos régions, l'oidium apparaît principalement en fin de saison, après le 15 Août, quand les nuits deviennent plus froides. Nos printemps frais, suivis d'étés généralement pluvieux, limitent l'impact de l'oidium en ces saisons.

Ces observations nous apportent quasiment "sur un plateau" les solutions ; une rose "sensible à l'oidium" est simplement placée au mauvais endroit :
-Trop près d'un mur ensoleillé, d'une surface pavée ou bétonnée au soleil
-Dans un endroit trop confiné, mal aéré
-En plein soleil aux heures chaudes pour certaines (exemple: les Hybrides Remontants)
-Dans un sol trop drainant ne retenant pas l'eau (d'où variations importantes)

De même qu'en ce qui concerne le Marsonia, une rose jeune, au système racinaire encore superficiel, sera plus sensible. Même chose, évidemment, pour les roses cultivées en pot, et davantage encore si ce dernier est exposé au soleil.

Bref, des roses "sensibles à l'oidium" sont simplement en manque de fraîcheur.
Il faut leur donner un emplacement aéré, une ombre partielle aux heures chaudes et un sol consistant. Dans ces conditions, si une attaque survient, un arrosage en profondeur suffit le plus souvent à régler le problème.

La question des "maladies" fait l'objet d'une préoccupation majeure chez beaucoup de jardiniers, parce qu'elle entre en résonnance avec des tabous -qui n'ont rien à voir avec les questions de culture-.
Un feuillage "taché" est sale, voire impur. Le voisin ne peut pas voir celà.

Que va-t-il penser de nous!?

Que nous sommes des "malpropres", des "man nets", des "baraqui"…

D'où l'arsenal chimique mentionné plus haut, plus une nouvelle "quête du Graal" de la part des obtenteurs commerciaux de roses, une nouvelle chimère:

La recherche de nouvelles variétés "résistantes aux maladies".

Si vous avez lu ce qui précède, vous comprendrez aisément que pour moi, l'expression même "variété résistante aux maladies" est un non-sens.
Une rose "résistante aux maladies", celà peut signifier:

-TOUTES les roses, sans exception, bien placées et bien soignées.

-Une variété insensible aux souches de cryptogames existantes en un endroit donné, en un temps donné.

Bref, celà ne signifie rien du tout.

Mais ce non-sens est pris tellement au sérieux que les obtenteurs arrachent plus de 90% de leurs semis, parce qu'ils sont touchés par l'oidium dans leurs caisses de semis, en plein soleil voire -pire- en…serre.
Qu'ils sélectionnent des "parents résistants", ce qui là non plus, ne veut rien dire, des parents "résistants" pouvant donner des rejetons "sensibles" et inversément -forcément, puisqu'on est dans un faux problème!-.

Récemment, sur un forum de discussion, un étudiant m'a donné du fil à retordre en prétendant mordicus "qu'on n'a qu'à aller prendre chez les roses botaniques les gènes qui les rendent résistantes".
Ce "libre-service", où on choisirait ce qu'on veut, n'existe que dans notre imagination.
Si une rose botanique résiste aux cryptogames chez elle, c'est suite à des millénaires d'évolution. Alors oui, on pourra trouver des gènes corrélés. Mais s'imaginer que ces gènes auront le même effet dans un hybride, cultivé ailleurs dans le monde, est le fait d'un martien, non d'un terrien.

Encore une fois, dans la nature, un plus un ne font quasi jamais deux…

Mieux même : je prétends qu'il est plus facile de réussir une rose "très sensible à telle ou telle maladie"!
En effet, il s'agit simplement d'une rose "située à un extrème", dont les besoins sont donc prévisibles.
Par exemple, un Hybride Remontant pourpre comme "Baron Girod de l'Ain".
En plein soleil et taillé court, c'est un véritable nid à Oidium et Marsonia.
En conséquence, traité comme un grimpant dans un arbre, sous un soleil tamisé, il se porte comme un charme.

A contrario, une nouvelle variété, jusqu'ici résistante, ne le restera pas indéfiniment bien entendu!
Et ce, d'autant plus si tout le monde se met à la cultiver….Pensez-vous réellement que nos chers cryptogames vont laisser faire celà?
Tôt ou tard, une souche mutante s'en chargera. Et nous, entretemps, ne savons rien des fragilités propres à cette variété-là. Fallait-il la mettre à mi-ombre? Etait-ce une bonne idée de la palisser sur un mur? Trop tard…
Bien sûr, les nouvelles roses font l'objet d'essais pendant des années.
Mais dans leur champ de test, elles sont sûres de n'avoir aucune de leurs congénères à des centaines, voire des milliers de kilomètres autour d'elles….Pas la peine, pour nos champignons si délicats, de se spécialiser pour ces exemplaires rares.
D'autre part, ces champs sont en Angleterre, aux Etats-unis, en Allemagne, dans le sud de la France. Soit des terroirs bien différents du nôtre.
Mieux encore ; à part en Allemagne, il est probable que ces roses-test fassent l'objet de pulvérisations régulières.
Parce que par "conditions de culture normales", on comprend "avec pulvérisations"!
Bref ce n'est en réalité qu'une fois "mise au commerce", multipliée par milliers et installée dans de vrais jardins qu'une rose peut commencer à montrer son comportement réel.

Autant dire qu'avec ces nouvelles roses, il convient d'être prudent.
Obtenues en France -sur la côte d'azur!-, aux Etats-unis, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, elles sont vendues partout dans le monde. Les "pros" partent du principe que "tout le monde voudra la belle nouveauté".
Ils feront tout pour celà : articles élogieux dans les magazines, mises en évidence dans les pépinières, "concours" de roses avec remises de prix, tout le clinquant, toute l'illusion du "Marketing".
Désolé, mais aucune rose n'est faite pour tous les terroirs. Il peut certes arriver qu'une rose californienne se plaise en Belgique ; des exemples, comme "Queen Elisabeth", existent. Mais c'est loin d'être la majorité des cas.
Et d'autre part, ces roses modernes sont fortement marquées de gènes "Thé" : Hybrides de Thé, Floribunda, Roses "de style ancien". Très remontantes, elles tentent chez nous de mûrir leurs boutons jusqu'en Novembre. Elles débourrent tôt, trop tôt.
Bref, je suis pour ma part convaincu que les roses "anciennes" sont plus faciles à réussir en Belgique, en tous cas tant qu'il s'agit de grosses fleurs doubles.
Pour les autres, à fleurs simples, la situation est différente. Leurs origines sont plus diverses, et de toutes façons nous n'avons qu'à nous servir dans des obtentions "bien de chez nous", celles de Louis Lens!



 

Le "problème" des insectes: voir ci-dessus, c'est du pareil au même…

…c'est-à-dire un problème psychologique plus qu'autre chose. Les pucerons, chenilles etc font "mauvais genre", "sans allure".
Mais si on ne les favorise pas en abusant des engrais, tous ces insectes , attirés par nos belles roses, attireront à leur tour leurs prédateurs.
Et si quelques feuilles sont mangées, dites-vous que votre jardin ne serait plus vraiment lui-même sans papillons.

Ici comme pour les "maladies", le tout est de savoir si nous-mêmes et nos roses faisons partie de l'environnement, ou si nous venons de la planète Mars et devons nous défendre contre cette féroce "nature" de cette curieuse planète Terre.


Assez philosophé, plantons maintenant

Et ici, après avoir choisi les variétés adaptées à notre terroir, choisi leur emplacement en fonction de ce que nous savons d'elles, nous voilà plongés dans le concret…

Une plantation réussie est une question de transpiration.

Les roses étant des plantes à racines profondes, leur plantation exige un travail du sol en profondeur.
Chez moi, où le sol est constitué d'argile et de gros -parfois très gros- cailloux, il est inutile d'espérer faire quoi que ce soit sans une bonne pioche.
Même une rose de Portland aussi compacte que "Rose du roi" demande un sol travaillé à 70 centimètres de profondeur.
Pas pour aller mettre des engrais et amendements au fond du trou, non. Bien au contraire, il faut veiller à ce que la terre du fond retourne au fond, sous peine de détruire la vie du sol. A chaque niveau, ses bactéries, ses vers etc.
Le but est d'enlever les cailloux, les racines d'arbres, de vérifier le drainage ; ensuite, d'ameublir le sol, toujours pour favoriser le drainage, et faciliter la croissance des racines, qui devront "descendre" à un mètre de profondeur.
En sol imperméable, il est utile de mettre une dizaine de cm de gravier au fond. Pas de sable, il est trop compact pour celà.
Dans des cas extrèmes, on peut faire le trou en double, le second descendant plus bas encore -1 mètre-. La différence de 30 cm étant comblée avec du gravier, qui fera un drain efficace les premières années.
Et notez bien qu'outre un enracinement plus rapide, tous ces efforts réduiront l'impact du Marsonia, dont le manque de drainage est une des causes majeures.
Pour des roses gourmandes, les roses à grosses fleurs en général, il est utile de mélanger à la terre de l'humus pour rosier, voire du fumier à la condition expresse qu'il soit hyper-mûr et ne sente plus rien. Un fumier trop frais brûlera immanquablement les racines. En cas de doute, ne rien mettre du tout!
Même raisonnement pour le compost, qu'on peut utiliser si et seulement si il est bien fait et bien mûr.

Que notre rose soit en conteneur ou racines nues, les principes sont les mêmes : l'essentiel est de ne pas abîmer les racines ou la motte.
-A racines nues, égaliser les racines au sécateur, ensuite s'assurer que le trou soit assez large pour qu'elles puissent s'y étaler, droit vers le fond.
Environ 24 heures avant la plantation -pas plus- mettre la plante dans un seau d'eau mélangée d'humus pour rosiers.
-En conteneur, ne pas arroser la veille, et retourner le pot pour voir si la motte sort toute seule. Si elle résiste, ne surtout pas forcer! Découper le conteneur au sécateur dans ce cas.

Avec un trou de 70 cm de profondeur, la terre va se tasser après la plantation. Dès lors, la profondeur va augmenter après l'arrosage final. Dire "de combien" m'est impossible, celà dépend du sol.

L'important est qu'en finale, le point de greffe soit à 5 centimètres sous le niveau du sol.

Ceci afin que les premiers yeux des tiges basales soient enterrés ; ainsi, à la première occasion, votre rose fera ses propres racines et s'"affranchira" du porte-greffe dont elle est affublée.

Chez moi, dans l'argile, c'est en plaçant le porte-greffe à peu près au niveau du sol qu'après arrosage il se trouve à la bonne profondeur.
Cet arrosage initial, indispensable, suffit pour tasser le sol -en tous cas avec une terre lourde-.



 

Laissez-leur ensuite quelques années…

…avant de les juger. Bien entendu, s'ils sont malades, ne démarrent pas, il faudra leur chercher un autre emplacement.
Mais même s'ils se portent comme un charme, il faut se souvenir qu'à l'instar des pivoines, les roses ont besoin de quelques années pour donner le meilleur d'elles-mêmes, à l'exception des buissons modernes.
En effet, ces derniers, fortement marqués "Thé", fonctionnent sur du bois jeune uniquement ; de plus, ils sont greffés sur des porte-greffe de deux ans. Bref, ils sont "faits" en deux ans.
Pour tous les autres, ce n'est pas vrai. Les lianes, les Damas, les Hybrides Remontants voire certains Portland demandent cinq ans avant de montrer ce qu'elles savent faire, tout particulièrement du point de vue vigueur et remontée.
Il ne faut pas "sur-nourrir" les roses jeunes, mais bien les arroser. Durant les premières années, ce qui importe c'est l'enracinement. Les engrais ne feraient que favoriser la végétation, ce qui est néfaste à ce stade.

Patience et longueur de temps font plus que force et rage.

Le désherbage est important les premières années, jusqu'à ce que la rose soit affranchie de son porte-greffe. Après, ce sont les "mauvaises herbes" qui fuiront devant les drageons!
Ce désherbage n'est concevable que manuel, car les roses sont extrèmement sensibles aux désherbants chimiques.
Et ceci au point qu'un trottoir traité avec ces produits peut laisser des traces sur le feuillage des roses plantées à cinq mètres de distance.
De toutes façons, l'expression même "mauvaises herbes" en dit davantage, une fois de plus, sur nous-mêmes que sur la culture!
Je me souviens qu'à l'école, dans les années 60, nous avions dû apprendre par coeur des listes d'animaux et plantes "utiles" et "nuisibles".
J'en suis à me demander si en réalité, dans la colonne "nuisibles", une espèce ne doit tout de même figurer.
Celle qui serait susceptible de ne laisser derrière elle que les rats et les scorpions.
Espérons qu'au moins quelques églantiers nous survivent pour leur tenir compagnie…


Pierre Lauwers ; mis en ligne sur ce site le 3 juillet 2003,
mis à jour le 21 juillet 2003

 

© Pierre Lauwers, 2003.
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